Les lutins corses.

En Corse parallèle second avec la Bretagne pour le coup on a un fort folklore concernant les lutins. Raconter ces histoires de lutin d’antan c’était par du quotidien de la coutume du peuple corse. Ce n’était pas uniquement des histoires pour autant au sens où il y avait vraiment des croyances populaires autour des lutins et même divers éléments du quotidien en rapport avec eux. Le lutin corse c’est u fullettu traduit en français usuellement par le follet. C’est un lutin avec un fort aspect farceur. Il sortait du sommeil entre le crépuscule et l’aube. On en a pas de représentation car ses histoires se transmettaient surtout par le récit. Il est ordinairement décrit comme petit, barbu et casse pied. Comme expliqué ici : https://www.corsicamea.fr/contelegend/fulettu.htm il a une main de fer et l’autre de chanvre.

Comme ils l’expliquent il pénètre dans les maisons le plus souvent sans faire de bruit au petit matin. En Corse autrefois beaucoup de gens prétendaient l’avoir rencontré mais pas tous, ceux qui disaient l’avoir connu en conservaient un impérissable souvenir car il était réputé très dur à faire partir. Les très nombreuses histoires à son propos se centrent surtout sur les récits de paysans pauvres des régions les plus appauvries, rurales, hautes dans les montagnes et distantes des grandes villes de la Corse qui disent avoir eu affaire au Fullettu. On y retrouve beaucoup de récits de tristesses et angoisses typiques allant avec la misère comme le froid et la faim.

Cependant si le Fullettu est amateur de mauvaises blagues et qu’il a un peu été diabolisé par le christianisme notamment avec des marques « démoniaques » comme les pieds fourchus il n’est pas un mauvais bougre il n’as pas de méchanceté profonde en lui mais il aime beaucoup les blagues d’un gout réellement douteux et pouvant être très lourdes à la longue d’où sa réputation de casse burnes professionnel pénible au possible en dépit d’un caractère n’ayant rien de maléfique. Plus de l’ordre du vilain garnement. Bien que barbu malgré son comportement enfantin son image usuelle est plutôt celle d’un lutin adulte assez proche de comme on se l’imagine ordinairement. Voilà pourquoi les anciens paysans corses cherchaient beaucoup comment le chasser et s’en débarrasser de chez eux. Le Fullettu a horreur du désordre dit on est est inapte à s’empêcher de remettre les choses à leur place si il voit du bordel la méthode typique pour s’en débarrasser alors c’est de prendre un sac de grain et le verser mélangé le Fullettu essayera alors de les trier mais cette tache longue et usante le découragera vite et dégouté il s’en ira alors de la maison au grand plaisir de ses habitants humains étant fort soulagés de ce départ.

Comme expliqué dans Le folklore magique de la Corse de Roccu Multedo il est si ancré dans la culture populaire corse que le Fullettu est même dans certaines expressions populaires de cette langue comme celle ci par exemple : « ha fattu cum’è u fullettu! » ce qui veut dire « il court comme le follet » souvent à propos d’un feu se propageant trop vite cas hélas fort courant dans le climat chaud et sec méditerranéen qui existe sur l’île de Beauté.  L’expression est du à la réputation de rapidité du Fullettu pour les tours et les détours. On nomme aussi fullettu en Corse un brusque tourbillon de poussière ayant traditionnellement la fort mauvaise réputation de porter malheur.

Comme pour les fées le mot lutin a plusieurs sens en le cas des lutins principalement deux il désigne soit en son sens strict un type d’être du Petit Peuple du folklore et des croyances populaires de régions françaises telles que le Berry, la Picardie et la Normandie et au sens large plein d’êtres de petite taille de divers folklores relativement similaires leur étant assimilés. Bien entendu le Fullettu est dans le second cas. De même qu’en Bretagne la plupart des dits « lutins » sont à parler plus proprement des korrigans à vrai dire. Le Fullettu était une espèce et il y avait plein de i fulletti, les esprits follets terreurs de la campagne corse. Et bien sûr même si c’est moins connu chez les fulletti il y avait aussi des femmes avec les mêmes caractéristiques en gros.

Jusque dans les années 1960 les histoires sur les fulletti étaient part du quotidien corse mais à la décennie d’après avec l’urbanisation ça a pas mal disparu il ne reste que de très rares corses pour se souvenir de ces récits à présents et surtout parmi les anciens des campagnes reculées de la région en fait. Pour les Corses d’autrefois les fulletti étaient des esprits du foyer. Il semble y avoir un lien entre ces fulletti et les morts dans le folklore de l’île. Cependant les fulletti ne sont des lutins que par extension du sens habituel de ce terme car les lutins au sens strict ont un fort rapport avec l’eau et les chevaux sans grand lien avec les activités favorites des fulletti à base de farces.

Si urbanisation et industrialisation ont beaucoup fait de mal aux fulletti comme à presque tout les êtres fantastiques du folklore populaire tant en Corse que dans le reste du monde disons « occidental » au sens très large surtout vers les années 1970 à partir des quelles ceux ci y sont globalement cantonnés aux univers des contes et légendes c’est selon Hervé Thiry-Duval car cela va de pair avec la disparition des veillées paysannes où les conteurs transmettaient ces histoires, ce qui empêche la diffusion des légendes du petit peuple. Il s’ensuit « une assez longue période où les gens montrent même comme une espèce de honte vis-à-vis de ce passé rustique ». La télé y est pour beaucoup aussi ayant fait favoriser ses histoires de SF sur les aliens aux jeunes des années 1980 et après face aux histoires de lutins de leurs parents et grands parents qu’ils trouvaient moins crédibles scientifiquement parlant. Bien que l’expression « Petit Peuple » vienne plutôt de l’extérieur de la Corse et n’ait été appliquée le plus souvent surtout à partir du XIXème siècle que par des folkloristes pour la plupart non corses eux mêmes aux fées et lutins de Corse il reste vrai que aujourd’hui cette appellation les concernant est jugée acceptable par les corses donc les fulletti en font bien partie et les assimiler à des lutins ou plus précisément à des follets a beau être imprécis ce n’est pas inexact. La prochaine fois ce sera un article sur le mazzérisme pour clore cette brève introduction au folklore corse.

Laisser un commentaire